Faire entendre sa voix quand on est une rappeuse française, un véritable combat



    Dans l'univers du rap, monde dans lequel l'image de la femme est souvent mise à rude épreuve à grands coups de punchlines sexistes et dégradantes, les voix féminines peinent quant à elles à percer. En effet, les rappeuses se confrontent aux exigences et restrictions des différents labels qui veulent formater une parole pourtant tout aussi dure, explosive et énergique que celle de leurs homologues masculins.

    Malgré quelques exceptions telles que l'artiste Diam's, qui a reçu le seul disque de diamant délivré à une rappeuse française en 2007 avec son album Dans ma bulle (disque s'étant écoulé à plus de 750.000 exemplaires), les femmes sont trop peu présentes sur le marché du rap, et l'on peut se demander quelle en est la raison.

    Serait-ce dû à un nombre moindre d'artistes féminines ? Force est de constater qu'il n'en est rien, comme le prouve le blog « Madame Rap », site « dédié aux femmes dans le hip-hop » et ayant pour but de leur « rendre […] la place qu'elles méritent ! » ; en effet, l'on découvre via ce site un grand nombre de femmes qui rappent, venant de France ou d'ailleurs. D'après un article du site « Greenwood » intitulé « Sexisme dans le rap : les rappeuses racontent leur quotidien », la censure proviendrait plutôt des labels et producteurs, du traitement du rap féminin dans les médias ou encore d'une autocensure des rappeuses elles-mêmes. Combat difficile que celui de rapper quand on est une femme, car l'on doit se battre pour pouvoir imposer sa façon de voir le monde tout en préservant l'intégrité de son art face à une production musicale intégralement gérée par des hommes.

    Le milieu du rap n'est pas par essence plus sexiste que d'autres genres musicaux (n'est-ce pas Brassens qui disait dans sa chanson « Putain de toi » : « Le comble enfin, misérable salope, comme il n’restait plus rien dans le garde-manger, t’as couru sans vergogne, et pour une escalope, te jeter dans le lit du boucher » ? Ou encore Michel Sardou et son titre « Les villes de solitude » : « J'ai envie de violer des femmes, de les forcer à m'admirer, envie de boire toutes leurs larmes et de disparaître en fumée »), mais toujours est-il qu'il reste difficile pour une artiste d'employer avec liberté le même credo frontal que revendiquent souvent les rappeurs en France.

    Face aux producteurs, les artistes se voient obligées de se justifier d'une manière de rapper qui ferait trop « garçon manqué », comme l'a entendu la rappeuse Moon'A de la part de nombreux labels avec lesquels elle avait voulu travailler. Idem en matière de sexualité : l'artiste Suka parle d'autocensure face aux réactions violentes que les femmes peuvent recevoir dès qu'elles utilisent un vocabulaire jugé trop cru ou trop sexy dans leurs textes.
     Les rappeuses se plaignent aussi du rang de simples interprètes auquel elles se voient souvent reléguées par la part des producteurs au début de leur carrière : afin de ne pas prendre de « risques », les producteurs font souvent rapper des « covers » à leur nouveau contrat, c'est-à-dire des reprises de titres de rappeurs renommés.


                                              Chilla, rappeuse dans son clip "Sale chienne"

                                                           




                                                                                                                                                         Marie






Commentaires


  1. Je crois que les producteurs musicaux réagissent négativement contre les femmes qui font du rap pour plusieurs raisons. L´attitude des producteurs est sexiste, machiste et discriminatoire, je ne le discute pas mais ils ne l´est discriminent pas seulement à cause du fait d´être des femmes qui rentre dans un style musicale réservé aux hommes. La principale raison qui explique l'attitude des producteurs est la raison commerciale. Les producteurs veulent vendre des millions de disques des artistes qu´il promotionne, c´est à dire faire beaucoup d´argent pour rentabiliser leur inversion. Lorsque une chanteuse de rap inconnu leur propose de produire son premier disque, les producteurs ne sont pas convaincus de vendre beaucoup de disques de cette inconnue. Je vais vous expliquer la peur rationnelle des producteurs , en faisant une comparaison avec les films de type western. Les cow-boys représentés dans ces films étaient toujours des hommes, une cow-boy femme dans un film de ce type là n'aurait pas plus au public et le film n'aurait connu aucun succès. Je ne connais d´ailleurs aucun western ou l´héroïne soit une femme en train de guider le troupeau de vaches, ce serait comique ou une parodie. Les producteurs pensent pareil, le rap d´après eux doit être chanté par des jeunes hommes habillés avec des vêtements de sport et qui dans leurs chansons disent des insultes et des vulgarités, c´est le prototype standard à respecter. C´est ça ce que les acheteurs de disques souhaitent entendre et acheter et comme « le client est roi » et il faut le complaire, il vaut mieux ne pas lui donner le contraire avec une chanteuse de rap. Les producteurs n'aiment pas prendre des risques économiques. Cette raison commerciale et la cause de cette discrimination face aux chanteuses de rap.

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