Liberté sexuelle : le désir et le plaisir des femmes, objets de censure dans les médias ?
Malgré la révolution
sexuelle, mouvement occidental débutant dans les années 60-70 et
prônant l'émancipation sexuelle et la dédiabolisation des
sexualités non procréatrices et non conjugales, la sexualité
féminine reste encore un sujet délicat à aborder pour certains,
voire tabou pour d'autres (quand il n'est pas complètement méconnu
par les hommes et certaines femmes elles-mêmes).
Bien que l'on assiste à
une hyper-sexualisation généralisée et à une mise en avant du
corps des femmes au sein de l'espace public (les publicités, lieu où
le corps de la femme est perçu comme un produit de consommation), la
sexualité féminine reste quelque chose que l'on peine à
représenter dans les médias. Il suffit de constater la polémique
autour du film de Kechiche La Vie d'Adèle
sorti en 2013 et basé sur le roman graphique Le Bleu est
une couleur chaude de Julie
Maroh. En effet, ce film, représentant une histoire d'amour entre
deux femmes, a fait grands bruits lors de sa sortie en salles. On lui
a notamment reproché ses nombreuses (et jugées excessives) scènes
de sexe crues, et parfois jugées dénuées de sentiment amoureux,
comme si cela pouvait poser problème en soi. La même année,
l'actrice américaine Evan Rachel Wood a dénoncé la censure de la
Motion Picture Association of America (MPAA, l'équivalent du CSA en
France) pour le film dans lequel elle jouait intitulé Charlie
Countryman : la séquence
durant laquelle les deux personnages principaux font l'amour a été
censurée, car on y voyait l'homme offrir un cunnilingus à sa
partenaire
La Vie d'Adèle, film de Kechiche (2013)
Que
faire alors, où se placer dans cette société schizophrène qui
d'un côté pousse les femmes à être désirables, à se faire
belles sous prétexte qu'elles ne peuvent s'accomplir qu'à travers
le désir des hommes, et d'un autre côté les empêchent de parler
de leur sexualité comme elles en ont envie, qui permet qu'on les
traite de « salopes » quand elles affirment aimer le sexe
et qu'elles parlent de leur propre plaisir ?
Agnès
Varda, femme et artiste de la Nouvelle Vague, ce mouvement
cinématographique français des années 1970, a réalisé un
ciné-tract intitulé Réponses de femmes
(1975). Dans celui-ci, des femmes prennent la parole sans honte et
montrent leur corps comme elles ont envie de le montrer, et non
comment la société l'utilise pour vendre :
« Si on se
montre nues dans ce film, ce n'est pas pour se faire voir. - Ce n'est
pas pour qu'ils se rincent l'oeil. - C'est qu'on veut affirmer notre
désir. - Volupté n'est pas voyeurisme. - Sexualité n'est pas
sex-shop. »
Réponses de Femmes, Agnès Varda (1975)
Certaines
femmes finissent même par s'autocensurer, voire par méconnaître
leur propre corps et le plaisir qu'elles peuvent et ont le droit
d'avoir quand elles ont des relations sexuelles, que ce soit par
amour ou non. Le clitoris et le plaisir clitoridien, l'orgasme
féminin, l'envie de pouvoir avoir plusieurs relations sexuelles avec
différents partenaires sans se sentir « facile » et/ou
honteuse, le droit d'aimer le sexe sans se voir qualifiée de
« nymphomane » comme si cela pouvait être une maladie,
etc.
Agnès
Varda disait, à propos notamment du tabou lié à la sexualité
féminine : « ça va changer. ». Et vous, qu'en
pensez-vous ? Trouvez-vous que les femmes ont de nos jours plus
de liberté pour parler de leur sexualité ?
Marie.
Salut, me plaît, le sujet que vous abordez. Oui, je crois que de plus en plus de femmes nous pouvons parler de certains sujets qui étaient d'avance tabúes, mais il est difficile et bien que chaque fois la société soit plus ouverte à nous voir égale!
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