Le rap français et ses paroles misogynes : le cas d'Orelsan

   Si le rap français est très varié et ne se réduit heureusement pas à des paroles obscènes et violentes, il est indéniable que de nombreux rappeurs se caractérisent par leurs textes vulgaires. Certains d'entre eux véhiculent une image des femmes extrêmement négative, notamment en les réduisant à des objets sexuels, et banalisent la violence à leur égard.

   Les chansons de rap dans lesquelles les femmes sont insultées et dégradées sont innombrables. Si celles-ci ne font évidemment pas toutes l'objet de poursuites, le rappeur Orelsan a lui, été jugé pour certains de ses textes. Il illustre donc parfaitement le débat sur les limites de la liberté d'expression dans ce domaine.



   Les problèmes d'Orelsan ont commencé après son titre « Sale pute », uniquement diffusé sous la forme d'un clip en ligne, mais n'apparaissant sur aucun album. Dans cette chanson, Orelsan se mettait dans la peau d'un homme trompé par sa compagne, et exprimait son désir de la faire souffrir. Si jusque là, rien ne semble scandaleux, ce sont bien les paroles de cette chanson qui ont choqué de nombreux collectifs. Le rappeur déclarait par exemple :"J’te déteste j’veux que tu crèves lentement // J’veux que tu tombes enceinte et que tu perdes l’enfant. ». Et ces paroles sont loin d'être les plus offensantes…

   Ce titre a suscité un procès de la part de l'association Ni Putes Ni Soumises, et Orelsan a été rayé de l'affiche de divers festivals. En 2013, il est condamné à 1 000 euros d’amende avec sursis par le tribunal correctionnel de Paris, mais cette peine est annulée par la Cour de Cassation en 2014, une première victoire pour le rappeur.

   Orelsan est de nouveau jugé en 2016, poursuivi par les cinq associations féministes Chiennes de garde, Collectif féministe contre le viol, Fédération nationale solidarité femmes, Femmes solidaires et Mouvement français pour le planning familial, qui l'accusent d'incitation à la violence envers les femmes. Cette fois-ci, ce sont les textes de huit de ses chansons qui lui valent un procès, parmi lesquels Saint-Valentin (« J'respecte les shneks avec un QI en déficit // Celles qui encaissent jusqu'à finir handicapées physiques ») ou Pour le Pire (« J’te quitterai dès qu’j’trouve une chienne avec un meilleur pedigree »), dont les paroles dénigrent largement les femmes tout en banalisant la violence et le viol. 

   Bien entendu, le rappeur fait valoir sa « liberté de création ». Selon lui « C’est pas votre rôle de juger si c’est de bon ou de mauvais goût, à partir du moment où c’est une œuvre artistique ». Finalement, le rappeur est relaxé une nouvelle fois. 

   Toutefois, les erreurs d’Orelsan ont récemment refait surface, après son succès aux victoires de la musique : jugé indigne de recevoir de telles récompenses, une pétition a été mise en ligne en février pour qu’il les restitue.

   Les procès de cet artiste soulèvent une nouvelle fois le débat sur la liberté d'expression, et sur ce qu'il est permis ou non de dire dans l’art. Pourquoi Oreslan a-t-il été condamné, tandis que d’autres rappeur comme Booba ou Kaaris, dont les textes sont tout aussi dégradant pour les femmes, jouissent d'une totale liberté ? Quelles sont les bornes à ne pas franchir ? 

Margot

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2016/02/18/le-rappeur-orelsan-rejuge-pour-plusieurs-chansons-sera-fixe-jeudi_4867289_1653578.html#YyjWF5uzysPUdrdQ.99

Commentaires

  1. Je suis totalement contre ce rappeur parce que je crois qu’il utilise la violence pour exprimer son avis. Il peut exprimer son avis mais sans utiliser ces mots et sans la violence.

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